27/09/2025
Amar Ould-Hamouda, un enfant de Tassaft
Né le 30 mai 1923 au village de Tassaft, Amar Ould-Hamouda est le fils de Mohamed Ouali Ben Akli et de Thourkiya Benabdeslam. Cousin du colonel Amirouche, il appartient à cette génération de jeunes intellectuels kabyles qui ont marqué les prémices du nationalisme algérien.
Élève brillant, il fréquente l’École normale de Bouzaréah ainsi que les établissements de Boufarik, Miliana et Ben-Aknoun. C’est dans ce dernier qu’il rejoint le fameux « groupe du lycée de Ben-Aknoun » aux côtés de Hocine Aït Ahmed, Saïd Chibane, Omar Oussedik, Mohand Idir Aït-Amrane et Ouali Benaï.
Premiers engagements politiques
Après un échec au baccalauréat, il choisit résolument la voie militante en rejoignant le PPA-MTLD dès 1942. Membre du bureau politique, il milite pour une « Algérie algérienne » et se distingue par son trilinguisme, ses talents d’orateur et sa solide formation politique. Rapidement, il devient l’un des responsables les plus influents de Kabylie, notamment par sa critique vigoureuse du leadership charismatique mais autoritaire de Messali Hadj.
L’Organisation Secrète et la crise berbériste
Responsable de la Kabylie au sein de l’Organisation Secrète (OS), il est désigné candidat à Michelet (Aïn-El-Hammam) aux élections de l’Assemblée algérienne d’avril 1948. Mais ses convictions le placent bientôt au cœur des tensions internes du mouvement nationaliste. Opposé à une orientation strictement arabo-musulmane, il défend l’intégration de la dimension berbère dans le combat pour l’indépendance. Cette position l’amène à jouer un rôle central dans la crise dite « berbériste » de 1949, où il est considéré comme le numéro deux du mouvement.
Arrêté au printemps 1949 dans un tramway à Alger, il est incarcéré à la prison de Blida. Torturé, il refuse néanmoins de livrer son appartenance à l’OS. Exclu du parti pour ses positions « berbéristes », il revendique publiquement en 1950, face à la police, son engagement et ses responsabilités au sein de l’Organisation Secrète. À sa libération, il trouve un emploi à Alger comme représentant d’un distributeur de tissus, la maison Jonathan, aux côtés de Bachir Boumaza et de M’Barek Aït Menguellat.
De l’exclusion à la tragédie
Au déclenchement de la guerre de Libération, Amar Ould-Hamouda est soupçonné de messalisme. Comme nombre de ses compagnons, il est victime des luttes fratricides qui marquent cette période. En 1956, convoqué par les responsables du FLN en Kabylie, il est soumis à un simulacre de procès au village d’Aït-Ouabane (commune actuelle d’Akbil, wilaya de Tizi-Ouzou) avant d’être exécuté par l’ALN, en compagnie de M’Barek Aït Menguellat. Leurs tombes n’ont jamais été retrouvées.
Mémoire et réhabilitation
Après l’ouverture démocratique de 1988, une association culturelle portant son nom, Tidukla Tadelsant Amar At-Hamuda, voit le jour en 1989. Elle se donne pour objectif majeur la réhabilitation de sa mémoire et de son combat, une revendication qui trouve un large écho au sein de son village natal de Tassaft et bien au-delà.
Amar Ould-Hamouda reste aujourd’hui une figure emblématique, à la croisée des idéaux nationalistes et de l’affirmation identitaire berbère, dont le destin tragique illustre les fractures et les sacrifices qui ont jalonné l’histoire contemporaine de l’Algérie.
Références
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Wikipédia. Amar Ould Hamouda.
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Saïd Sadi. Amirouche : Une vie, deux morts, un testament. Une histoire algérienne.
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Ali Guenoun. Chronologie du mouvement berbère, un combat et des hommes. Alger : Casbah Éditions.
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