27/09/2025
Mustapha Bacha (1956–1994), un enfant de Tassaft
Fils de Bélaid et de Mékioussa Chettir, Mustapha Bacha voit le jour le 27 juillet 1956 dans une famille modeste du village de Tassaft Ouguemoun, daïra d’Ath-Yenni (Beni-Yenni), wilaya de Tizi-Ouzou.
Formation et jeunesse
Il effectue sa scolarité primaire dans son village natal, puis poursuit ses études à l’école secondaire privée des Pères Blancs d’Ath-Yenni, avant d’intégrer le lycée Amirouche de Tizi-Ouzou, où il obtient son baccalauréat en 1977. Après quatre années d’études supérieures mouvementées à l’Université d’Alger, il décroche en 1982 une licence en sciences économiques.
Mustapha Bacha s’éteint prématurément le 8 août 1994, terrassé par un arrêt cardiaque, laissant derrière lui une veuve, une fille orpheline et une famille toujours marquée par sa disparition.
Carrière professionnelle
Il débute sa carrière en tant que cadre gestionnaire à l’Entreprise Nationale des Industries Électro-Ménagères (ENIEM). Engagé dans la défense des travailleurs, il est élu représentant syndical à l’UGTA avant de fonder, en 1988, le syndicat autonome de l’ENIEM.
Parallèlement à son activité professionnelle, il s’investit dans le militantisme politique de gauche : d’abord au sein du Groupe Communiste Révolutionnaire (GCR) de 1982 à 1984, puis de l’Organisation Révolutionnaire des Travailleurs (ORT) entre 1984 et 1987.
Engagement politique et militantisme
Militant infatigable, Mustapha Bacha figure parmi les leaders du Printemps berbère d’avril 1980.
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Dans la nuit du 6 avril 1980, il fait partie de ceux qui décident d’associer la communauté universitaire d’Alger à la marche prévue le lendemain vers la présidence de la République. La manifestation est brutalement réprimée, et Bacha, arrêté, subit garde à vue et interrogatoires au commissariat central.
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Relâché, il reprend aussitôt ses activités militantes, avant d’être de nouveau arrêté le 20 avril 1980, puis déféré devant la Cour de sûreté de l’État avec 23 autres militants amazighs. Libéré provisoirement le 26 juin 1980, il demeure au premier rang de la contestation.
La même année, il prend part au séminaire de Yakourène (août 1980), qui jette les bases de la revendication culturelle berbère dans le cadre national algérien.
Dès 1977 déjà, alors étudiant, il s’était engagé contre l’article 120 et avait contribué à la création du premier comité universitaire autonome à l’Institut des sciences économiques d’Alger.
En 1986, il rejoint le groupe de Saïd Sadi au sein du Mouvement Culturel Berbère (MCB).
Rôle dans le pluralisme politique
À la suite des événements d’octobre 1988, il est l’un des quatre signataires de l’appel à la tenue des assises du MCB, organisées les 9 et 10 février 1989. Ces assises aboutissent à la création du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), dont il devient secrétaire national à l’organisation et à la formation. Il milite en parallèle au sein du Mouvement Pour la République (MPR).
Toujours attaché à ses racines, Mustapha Bacha contribue également à la dynamique associative : le 17 mars 1989, dans son village natal, il participe à la fondation de l’association culturelle Amar Ath Hamudha, l’une des premières associations culturelles créées en Algérie après l’ouverture politique.
Héritage
Obsédé par la liberté et animé d’une inébranlable soif de justice, Mustapha Bacha a marqué de son empreinte le militantisme syndical, politique et culturel en Algérie. Son engagement dans la défense des droits des travailleurs, la revendication identitaire amazighe et la lutte pour la démocratie en font une figure emblématique de la contestation et du pluralisme politique dans l’Algérie des années 1980 et 1990.
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