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25/09/2025

Pikho, le petit berger du Djurdjura : une légende kabyle entre mémoire et imaginaire

Alcool.jpgLes montagnes du Djurdjura, en Kabylie, sont depuis toujours un creuset de récits et de légendes. Chaque village, chaque vallée garde en mémoire une histoire où se mêlent le quotidien, la nature et la sagesse populaire. Parmi ces récits, celui de Pikho, un jeune berger orphelin, occupe une place singulière. Plus qu’une simple fable, il illustre à la fois l’attachement des Kabyles à leurs traditions rurales et la puissance symbolique du patrimoine immatériel.

Le cadre : Tirmitine et la vie pastorale

La légende situe l’histoire dans les coteaux de Tirmitine, un terroir au pied du Djurdjura. Comme dans de nombreux récits kabyles, le berger occupe une place centrale : figure humble mais essentielle, il incarne la relation intime entre l’homme et la montagne. La vie pastorale, rythmée par la garde des troupeaux et les vendanges collectives, formait le cœur de l’économie traditionnelle et des solidarités villageoises.

L’accident de Pikho

Pikho n’était qu’un enfant, chargé de veiller sur ses chèvres et ses brebis. Un jour de vendanges, attiré par les grappes de raisin entreposées dans une grande jarre, il tenta de s’en saisir. Dans son élan, il tomba dans le récipient, écrasant les fruits. Le raisin fut réduit en pulpe et les villageois, persuadés que la récolte était perdue, lui reprochèrent vivement son geste.

Mais l’année suivante, en rouvrant la jarre, ils découvrirent avec étonnement que le jus fermenté avait donné naissance à une boisson nouvelle, dotée d’une saveur singulière. L’accident de Pikho devint alors une révélation, et le nom du jeune berger resta associé à cette découverte.

Une leçon de transmission

Comme beaucoup de récits kabyles, l’histoire de Pikho porte en elle une double dimension :

  • Une valeur éducative : elle montre que même une maladresse peut se transformer en richesse pour la communauté.

  • Une valeur patrimoniale : elle inscrit la vigne, la vendange et la jarre d’argile au cœur de la mémoire collective, rappelant l’importance de la terre et du travail des anciens.

Ces récits, transmis de génération en génération, ne visent pas seulement à divertir. Ils forment un véritable lien social, un héritage oral qui éclaire l’histoire d’un peuple et son rapport à son environnement.

Entre mythe et création contemporaine

Il faut noter qu’aucune source ethnographique ancienne n’atteste l’existence de Pikho comme légende traditionnelle. Le récit tel qu’il nous parvient aujourd’hui semble avoir été réinventé récemment, dans l’esprit des fables kabyles. Mais c’est là toute la vitalité du patrimoine immatériel : il n’est pas figé. De nouvelles histoires surgissent, inspirées des motifs anciens, et s’ajoutent aux récits transmis depuis des siècles.

Ainsi, Pikho est à la fois un personnage d’hier et d’aujourd’hui, enraciné dans le terreau kabyle mais ouvert à une lecture moderne et universelle.

Une mémoire vivante

L’histoire de Pikho nous rappelle que le patrimoine kabyle ne se limite pas aux monuments ou aux objets matériels. Il vit aussi dans la parole, les contes et les récits. Ces histoires, qu’elles soient très anciennes ou recréées récemment, continuent de nourrir l’identité collective et de transmettre aux jeunes générations un sens de la continuité culturelle.

Au-delà de l’anecdote, Pikho symbolise la capacité des Kabyles à transformer les épreuves en découvertes, et à faire de leur mémoire une source de fierté et de créativité.


Source: Adapté d'un article de Mohamed TABECHE, Blog Kabylie-Djurdjura de Med TabechePikho, l’histoire du petit berger berbère, qui Changea le Goût du Monde.

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