11/10/2025
Tassadit Ould-Hamouda : le printemps kabyle au pays de l’érable
Arrivée au Canada au début des années 2000, Tassadit Ould-Hamouda a su transformer la nostalgie de sa terre natale en une énergie créatrice exceptionnelle. Fondatrice du groupe Tafsut — “printemps” en kabyle —, elle s’est imposée comme une figure incontournable de la promotion de la culture amazighe au Québec et au-delà.
Tout commence en 2001. Fraîchement installée à Montréal, Tassadit découvre la richesse multiculturelle du Québec, mais constate l’absence de la culture kabyle sur la scène artistique locale. Elle décide alors de fonder un groupe pour représenter sa communauté. Trois mois plus tard, Tafsut voit le jour. Très vite, la troupe se distingue par son sérieux, sa discipline et la beauté de ses chorégraphies inspirées des traditions kabyles.
L’art comme acte de mémoire
Sous la direction de Tassadit Ould-Hamouda, Tafsut devient plus qu’un simple groupe folklorique : une école de culture et de transmission. Chaque fin de semaine, les membres répètent dans la rigueur et la bonne humeur, entre apprentissage du chant, perfectionnement des danses et partage intergénérationnel.
Le répertoire s’inspire des gestes du quotidien kabyle :
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Tiwizi, la cueillette des olives,
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Thala, la fontaine,
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Essendu, le brassage du lait,
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ou encore La Fête kabyle, célébration des traditions et de la solidarité.
Ces danses à thème, véritables tableaux vivants, sont autant d’hommages à la mémoire collective amazighe. Sous son impulsion, Tafsut devient le premier groupe à structurer la danse kabyle sous forme de chorégraphie scénique.
Une réussite qui dépasse les frontières
En quelques années, Tafsut se hisse parmi les plus grands ensembles culturels du Québec. La troupe participe à de prestigieux événements : Montréal en Lumière, Vues d’Afrique, Festival international de Lachine, Mondial des Cultures de Drummondville, et de nombreuses Fêtes nationales du Québec.
La consécration vient avec la participation à l’ouverture de l’exposition “Ideqqi, arts des femmes berbères”, organisée par le Musée du Quai Branly – Paris et le Musée de la civilisation de Québec, devant un millier de spectateurs conquis.
Tafsut s’exporte même hors du Canada, représentant la culture kabyle au Maroc, en France et ailleurs.
Une femme de passion et d’engagement
Fidèle à sa devise inspirée de Kipling — « Tu seras un homme, mon fils » —, Tassadit Ould-Hamouda avance avec détermination. Ni le manque de moyens, ni les obstacles institutionnels ne la freinent. “Plus il y a de problèmes, plus je me force à les dépasser”, confie-t-elle.
Son engagement lui vaut plusieurs distinctions honorifiques : le Prix d’Excellence 2007 du Club Avenir, la reconnaissance de l’Association des At-Yiraten du Canada, et le Prix ACAOH 2009, saluant son rôle exceptionnel dans la sauvegarde du patrimoine amazigh au Canada.
Une ambassadrice de la culture amazighe
Au-delà de la scène, Tassadit Ould-Hamouda œuvre pour la communauté. Elle organise des événements, invite des artistes amazighs à se produire au Canada, et collabore à des médias communautaires comme kabyle.com, où elle publie poèmes, chroniques et entretiens dédiés à la culture et à la mémoire.
Toujours en mouvement, elle incarne cette idée d’un “printemps permanent” : une renaissance culturelle, une ouverture, une affirmation identitaire sereine et universelle.
Une lumière sur la Kabylie d’ici et d’ailleurs
Discrète, mais déterminée, Tassadit Ould-Hamouda a fait de Montréal une seconde Kabylie où la danse, le chant et la parole perpétuent la mémoire du pays des montagnes. Par son travail, elle a su montrer que préserver sa culture, c’est la faire respirer ailleurs.
Grâce à elle, la culture kabyle a trouvé une voix, un visage, et un rythme — celui d’un printemps qui ne finit jamais : Tafsut.
01:22 Publié dans Personnalités du village | Lien permanent | Commentaires (0)
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