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25/09/2025

Histoire et origine de la famille "AIT-MOHAND" du village de Tassaft.

En Kabylie, l’orgueil démesuré des grandes familles nourrissait souvent des rivalités de prestige et de puissance. Pour se renforcer et se prémunir contre les dangers extérieurs, certaines finirent cependant par s’allier en nouant des liens de sang, principalement à travers le mariage.

C’est dans ce contexte que L’Hadj Ouedriss Nath-Hamoudha, de Tassaft, fidèle à la mémoire de son aïeul Ali, scella une alliance avec les Ath-mouhand Ouyahia d’Aourir Ouzemmour. Il donna sa sœur Tassadite en mariage à Saïd Athmouhand Ouyahia, issu de cette prestigieuse famille composée de deux branches – les Aït-Mohand et les Ould-Yahia – dont l’influence dépassait largement leur douar d’Akbil.

Le drame de Staouéli

Cette union fut de courte durée. Saïd, envoyé avec le contingent kabyle défendre Alger contre le corps expéditionnaire français, tomba au champ d’honneur lors de la bataille de Staouéli, le 19 juin 1830. Il laissa derrière lui une épouse enceinte.
Prévenant et avisé, L’Hadj-Ouedriss fit revenir sa sœur à Tassaft avec l’accord des Aït-Mohand. Peu après, celle-ci mit au monde un fils, Ahmed.

L’adoption d’Ahmed

À la naissance de son neveu, L’Hadj-Ouedriss réunit ses trois enfants – Aomer, Mohand Arab et Ahmed Arab – et leur déclara :

"Mes enfants, à compter de ce jour, vous n’êtes plus trois mais quatre frères. Ahmed, fils de ma sœur, devient un membre à part entière de notre maison et de la famille Nath Hamoudha. Tous mes biens seront partagés à parts égales entre vous quatre, et tous mes droits et devoirs dans le village seront accomplis par vous quatre. J’en informerai nos cousins. Ahmed est désormais mon quatrième fils."

Ainsi, Ahmed fut intégré pleinement dans la lignée familiale.

Mariages et descendance

Quand vint l’âge du mariage, L’Hadj-Ouedriss lui donna sa propre fille, Hamama, pour épouse. De cette union naquirent :

  • Hamou-Ahcène, père de Smina, laquelle se maria plusieurs fois et eut un fils, Chabane, à Agouni Fourou.

  • Akli, mon grand-père, père de Boudjemâa, Ahmed, Keltouma et Tassadite. Cette branche est aujourd’hui la seule à perpétuer la lignée des Aït-Mohand au village, principalement par Ahmed fils d’Akli, père de Youcef (auteur de ces lignes, né en 1947) et de son frère Ali (né en 1958).

  • Adidi, restée sans enfants, mais célèbre au village pour ses talents de sage-femme (Qivla) et de guérisseuse, notamment des aphtes (vouyfrakh).

Devenu riche propriétaire terrien, Ahmed exerça la fonction d’Amine du village pendant plus de trente ans.

Après le décès de sa première épouse Hamama, il épousa en secondes noces Saâdia Ath-Oufroukh, veuve de son frère adoptif Aomer et mère de M’hamed, dit M’ha Achivane. Avec Saâdia, il eut un fils, Arezki, père de :

  • Sekoura (Sekoura Ourezki), qui épousa Bélaïd, fils de M’ha Achivane.
  • Mohand Ouramdane, décédé prématurément à 22 ans.

Ainsi, M’hamed (fils d’Aomer) et Arezki (fils d’Ahmed) furent des frères utérins.

Héritages et demeures familiales

Faute d’espace, les Ath El Hadj mirent à la disposition de mes grands-parents la maison de Sidi Salem, habitée plus tard par Salem, fils de Dda Chavane. Ma famille y vécut de 1925 à 1942, période durant laquelle naquirent mon cousin Achour et ma sœur aînée Aziza. En 1942, nous nous installâmes définitivement dans la maison héritée de mon grand-père maternel Aomer et de son frère Kaci. Sans héritiers mâles, ceux-ci léguèrent tous leurs biens à ma mère en 1946 par acte notarié.

Mon père céda ensuite à Ahcène Meziane la petite chambre héritée dans L’hara Thaqdhimth et restitua aux Ath Lhadj les clés de la maison qui avait si généreusement abrité notre famille.

L’état civil et la question du nom

Lors de l’instauration de l’état civil en 1891 par le colonisateur français, il fut proposé à notre famille de prendre le nom d’Ould-Hamouda. Mais Mohand Ouramdane, fils d’Arezki et frère de Sekoura, refusa et préféra garder le nom originel d’Aït-Mohand.

Les liens avec les autres branches

Chez les Ath Hamoudha, les plus proches de nous par le sang et par l’héritage sont ceux de L’hara Thaqdhimth :

  • Akham N’Mha Achivane (Bélaïd et Aomer),

  • Akham N’Méziane (Rabah et Ahcène),

  • Akham N’Amer (Amar et Mohamed Ouali),

  • Akham N’Mohand Saïd (Chavane et Bélaïd),

  • Akham N’Aomer (chef de gare).

Plus tard, notre sang se mêla à toutes les branches des Ath Hamoudha : par ma mère (Zahra N’Aomer), par ma tante paternelle Tassadite (Na Sassa), par Nana (épouse de mon oncle paternel Boudjemâa), et plus récemment par Dehbia, fille de Dda Voussad Amirouche, épouse de mon frère Ali.

Conclusion

Notre famille, installée à Tassaft depuis 1830, constitue une part indissociable de la grande lignée des Ath Hamoudha, descendant de L’Hadj Ouedriss. Elle illustre l’histoire de ces alliances, de ces héritages et de ces transmissions qui façonnèrent la cohésion des familles kabyles. 


Source : "Ma vie ou mes souvenirs". Manuscrit non publié de Youcef AIT-MOHAND, Béjaia 2012.

22:15 Publié dans Famille | Lien permanent | Commentaires (0)

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