25/09/2025
Composition et architecture de la maison kabyle
La maison kabyle, reflet d’un art de vivre ancestral, est conçue autour d’un espace central qui structure la vie familiale et communautaire. Elle s’organise de manière fonctionnelle et symbolique, intégrant à la fois les besoins domestiques, sociaux et économiques.
L’entrée : Ahanou ou Askif
Pour pénétrer dans une maison kabyle, on traverse d’abord un vestibule appelé Ahanou (ou Askif, selon les régions). Cet espace joue plusieurs rôles. Un banc en maçonnerie, adossé au mur, en occupe toute la longueur. Sous ce banc, des alcôves profondes servent de rangement pour les outils agricoles, les harnachements de l’âne ou du mulet (bâts, mors, etc.).
L’Ahanou n’est pas seulement un lieu de passage : il sert également de salle d’attente pour les visiteurs de passage ou les étrangers reçus à l’improviste.
La cour centrale : Amrah-El-Hara
En traversant l’Ahanou, on débouche sur la cour intérieure, appelée Amrah-El-Hara. C’est autour de cette cour que s’articulent toutes les pièces de la maison. Elle constitue un espace de transition et de communication, reliant les chambres entre elles.
L’ensemble formé par les chambres et la cour porte le nom de El-Hara.
Répartition des chambres
La salle commune : Akham Lâayal
Cœur de la maison, Akham Lâayal est la pièce la plus vaste et la plus importante. Véritable pivot de la vie familiale, elle cumule plusieurs fonctions :
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Salle familiale : lieu de repas, de discussions et de prises de décisions collectives.
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Chambre parentale : les parents y dorment avec leurs jeunes enfants.
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Réserve alimentaire : on y conserve les jarres d’huile, les ikouffane (grandes caisses de bois ou d’osier) où sont stockés blé, orge et figues sèches – aliments de base du régime kabyle.
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Organisation interne :
Akham Lâayal est subdivisée en trois parties :
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L’espace commun : autour du kanoun (foyer), la famille se réunit pour partager les repas et les veillées.
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L’écurie intérieure (Adaynine) : située en contrebas, elle abrite les animaux domestiques (vache, veau, brebis, agneau, etc.), témoignant de l’intégration étroite entre habitat humain et élevage.
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La soupente (Tharicht ou Thakhamth n’Ray) : placée au-dessus de l’écurie et accessible par une petite échelle, elle constitue le domaine réservé de la mère (Thamgharth). On y conserve les denrées les plus précieuses : beurre, café, sucre, sel, viande séchée, etc. La mère en contrôle l’usage avec parcimonie, veillant à la bonne gestion des ressources.
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Entre l’espace de vie et l’écurie s’élève Adhoukane, un banc maçonné où sont posés les ikouffanes.
Sous ce banc se trouvent les Lamdhawedh, des mangeoires pour les animaux.
Cuisine et autres pièces
Certaines maisons possèdent une pièce distincte servant de cuisine. Mais, dans la plupart des cas, les repas sont préparés directement dans un coin d’Akham Lâayal, où une cheminée rudimentaire est aménagée.
Les autres chambres sont réservées au couchage.
Chambre des hôtes
Par tradition d’hospitalité, de nombreuses maisons kabyles disposent d’une pièce donnant directement sur la rue. Cette chambre, séparée de la vie familiale, est destinée aux invités étrangers. On y sert les repas et on y offre l’hébergement aux voyageurs de passage.
La maison kabyle n’est pas seulement un abri ; elle est une institution familiale et sociale, organisée autour de la solidarité, du partage et de l’accueil. Elle illustre l’ingéniosité d’une société qui a su adapter son habitat à son environnement et à ses valeurs.
Source : Quelques Us et Coutumes de Kabylie. Recueil non publié de Youcef AIT-MOHAND, Béjaia, octobre 2011.
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