13/09/2025
Mohya : le père du théâtre kabyle moderne
Introduction
Abdallah Mohya, plus connu sous le nom de Mohya (Muḥend u Yeḥya), est une figure incontournable de la culture amazighe. Poète, dramaturge, conteur et traducteur, il a consacré sa vie à donner à la langue kabyle une place dans le théâtre universel.
Une jeunesse prometteuse
Né en 1950 à Azazga, Mohya poursuit de brillantes études en mathématiques avant de s’installer en France en 1973. À Paris, il s’implique dans le Groupe d’Études amazighes de l’Université Paris VIII et devient rapidement une voix majeure du mouvement culturel berbère.
Le théâtre comme arme culturelle
Fondateur du théâtre d’expression kabyle, Mohya adapte et traduit les plus grands classiques :
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En attendant Godot de Samuel Beckett,
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Tartuffe de Molière,
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La Jarre de Luigi Pirandello,
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Les Émigrés de Sławomir Mrożek.
Ses traductions ne sont pas de simples transpositions linguistiques : elles deviennent des œuvres kabyles à part entière, ancrées dans la culture populaire, pleines d’humour et de réflexion sociale.
Une langue vivante et universelle
« Si l'on veut être compris de la majorité, on ne peut que s'exprimer dans nos langues vernaculaires, c'est-à-dire le berbère ou l'arabe. »
— Mohya
Cette phrase résume toute sa philosophie : faire de la langue kabyle non pas un vestige, mais un outil moderne capable de porter l’universalité des grandes œuvres littéraires.
Héritage et mémoire
Au-delà du théâtre, Mohya a publié poèmes, nouvelles et chansons, souvent diffusés de manière artisanale. Il a enseigné l’amazigh à l’Association de Culture Berbère et formé la troupe Asalu, creuset d’expérimentations artistiques.
Disparu en 2004 après un long combat contre le cancer, il laisse une œuvre inachevée mais toujours vivante. Aujourd’hui, Mohya reste une référence incontournable pour qui veut comprendre la modernité du théâtre amazigh et la vitalité de la culture kabyle.
Conclusion
Mohya n’était pas seulement un dramaturge, mais un passeur de culture. Sa voix continue d’inspirer ceux qui croient à la puissance de la langue amazighe et à son rôle dans le dialogue entre traditions et modernité.
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